Une satire cruelle et délicieuse
Soumission by Michel Houellebecq
My rating: 4 of 5 stars
C’est une satire cruelle et délicieuse. Comment réagiraient les intellectuels, les politiciens, les journalistes et les institutions telles que les grandes universités et les partis politiques, si un mouvement islamiste venait au pouvoir en France? Eh bien, comme l’imagine Houellebecq, la plupart s’adapteraient, certains avec enthousiasme, d’autres à contrecœur, mais presque tous se concentrant sur leurs propres petites vies et leurs propres carrières. Ce pamphlet est particulièrement hilarant, et surtout cruel, dans sa description de la vie universitaire française et de tous ces intellectuels sans convictions, qui se croient athées simplement parce que c’est à la mode. Les “preuves” de l’existence de Dieu qu’offre le nouveau président de la Sorbonne islamique sont tellement absurdes qu’elles pourraient convaincre seulement un tel intellectuel, comme l’est le narrateur de cette histoire, quand telle croyance est devenue la nouvelle mode.
Houellebecq se rit de “la situation cocasse d’un système n’ayant d’autre objectif que sa propre reproduction”, c’est-à-dire “les études universitaires dans le domaine des lettres”, mais il y a d’autres moments ou s’entend une voix pas satirique sinon (je crois), un principe fondamental que l’auteur veut défendre malgré tout. Dans la voix du narrateur, il reconnait comme les autres arts, la musique et la peinture, peuvent déterminer “un renversement émotif” ou “un regard neuf… sur le monde”. “Mais seule la littérature peut vous donner cette sensation de contact avec un autre esprit humain, avec l’intégralité de cet esprit, ses faiblsses et ses grandeurs, ses limitations, ses petitesses, ses idées fixes, ses croyances ; avec tout ce qui l’émeut, l’interesse, l’excite ou lui répugne. … De même, un livre qu’on aime, c’est avant tout un livre dont on aime l’auteur, qu’on a envie de retrouver, avec lequel on a envie de passer ses journées”.
Je ne peux pas encore dire que j’aime cet auteur, mais je sais que je l’aimerais lire malgré toutes “ses limitations et ses petitesses”, pour son intelligence et son humour et sa mordacité.