Des jeux mortels: André Gide, Les faux-monnayeurs
Les vies de douzaines de personnages, entre eux des étudiants de bachelier ou mineurs, leurs parents et leurs professeurs, s’entrechoquent dans ce roman qui parle des conflits intergénérationnels, leurs jeux sociaux et leur cruauté, mais principalement de la création littéraire.
Le romancier Édouard, l’oncle et figure de référence de ces «enfants » , est en train d’écrire un nouveau roman qu’il a intitulé “Les faux-monnayeurs”, qui s’inspire des vies confuses des adolescents, leurs ambitions rien de claires et leurs jeux parfois stupides. Entre eux, le jeu de faire passer des monnaies fausses, et d’autres plus sinistres et jusqu’à mortels. Tout tient lieu au Paris, ou en Afrique et l’Angleterre dans les années 1920 mais sans aucune mention de la Grande guerre.
Je crois que je l’avais acheté vers 1980 comme livre d’occasion dans la fameuse librairie Strand, de New York, à cause de la réputation de l’auteur et mon désir d’améliorer mon français. Et seulement cette semaine,enfin, je l’ai lu et j’en ai profité pour ses très intéressantes réflexions sur la composition d’un roman, comme celle-ci:
«X. soutient que le romancier doit, avant de commencer son livre, savoir comment ce livre finira. Pour moi [c’est Édouard qui le dit, dans son journal], qui laisse aller le mien à l’aventure, je considère que la vie ne nous propose jamais rien qui, tout autant qu’un aboutissement, ne puisse être considéré comme un nouveau point de départ. «Pourrait être continué…», c’est sur ces mots que je voudrais terminer mes Faux-monnayeurs. …» (Pp. 419-420)